Le rétablissement n’est pas une performance. Le jeu non plus.

Au printemps 2019, ma médecin de famille m’a mise en arrêt de travail, alors que j’allais la consulter pour un examen de routine. Ça faisait à peine un an que j’étais devenue avocate qu’on m’ordonnait déjà d’appuyer sur le frein. Je n’ai pas compris pourquoi sur le coup.


Acceptation

Avec le recul, j’ai été capable de comprendre que mon arrêt de travail n’était pas forcément dû au travail lui-même, mais à un ensemble de circonstances et d’expériences personnelles difficiles. Sans m’en rendre compte, l’arrivée dans la vie adulte m’a fait perdre plusieurs de mes repères fondamentaux, notamment ceux qui contribuaient à me rendre heureuse au quotidien. Je me suis oubliée, du coup, je me suis perdue.

Cet arrêt de travail m’est tombé dessus comme une tonne de briques. Immédiatement en sortant du bureau du médecin, je me suis dit « ok, je vais gérer ça cette semaine cet arrêt de travail là, je vais tout régler et je vais pouvoir retourner au bureau lundi prochain ». Je me suis donc prévu un plan de rétablissement précis, une to-do list, des objectifs à court-moyen-long terme…

Surprise surprise, mon corps n’a pas voulu obtempérer à mon plan soi-disant efficace de rétablissement. Au début de mon arrêt de travail, mon plus grand exploit a été de voyager de mon lit au canapé… pour dormir une fois arrivée à l’une ou l’autre de ces destinations. Quand je ne dormais pas, je regardais des films ou des séries que j’avais déjà vus, juste parce que l’idée de la nouveauté ou de l’inconnu me paraissait être un défi impossible à relever.

À la fin de chacune de ces journées, j’étais envahie par la déception et la culpabilité : je n’arrivais pas à cocher ne serait-ce qu’une tâche sur ma to-do list de rétablissement.

Au bout d’un certain temps et de plusieurs journées (semaines) où je n’ai fait que me déconsidérer, je me suis tannée d’être constamment déçue de moi-même et de me sentir coupable de n’avoir rien fait d’efficace. J’ai lâché prise. Fini la to-do list, fini le plan de rétablissement, fini le « je vais gérer ça un arrêt de travail ». J’ai accepté qu’il ne fallait pas travailler fort pour réussir son rétablissement, malheureusement pour moi, il n’y a pas de méthode miracle.

À ce moment-là, j’ai donc finalement accepté que le rétablissement ne devait pas être une performance. Je me suis donc laissé la chance de faire seulement ce dont j’avais envie et de ne pas me juger en le faisant ou en décidant de ne pas le faire. Croyez-le ou non, j’ai eu le courage de commencer une nouvelle série. Quel exploit ! Blague à part, je peux dire aujourd’hui que mon rétablissement a réellement commencé quand j’ai arrêté de me mettre de la pression pour guérir.

Le droit de faire des tresses au gazon

À cette même période, j’ai eu l’envie d’aller prendre une marche avec une nouvelle amie, Alexandra, la nouvelle blonde d’un de mes bons amis. Je ne la connaissais pas beaucoup, mais elle m’avait inspiré confiance. Ensemble, on a discuté des défis de la vie adulte, de la santé mentale, de bouffe et… de HappyFitness. Elle m’a parlé de la mentalité du mouvement HappyFitness et son discours m’est resté en tête. Faut dire qu’Alexandra est coach pour HappyFitness, elle était assez convaincante.

Peu de temps après, je me suis inscrite à un cours HappyFitness, en me disant : « au pire, j’irai pas ». Mon premier cours était le 29 avril 2019. Cette journée-là, je me suis rappelé que cette activité n’était pas obligatoire, je me suis donné le droit de ne pas y aller. J’avais peur de ne pas être bonne, d’avoir trop chaud, de devenir trop rouge, de respirer trop fort, d’être lente, bla bla bla. J’ai quand même pris mon courage à deux mains et je me suis dirigée vers le parc Jeanne-Mance, au point de rendez-vous donné d’avance par la coach (et fondatrice du Mouvement HF) Chloé Rochette. 

Arriver dans un groupe de personnes que je ne connais pas, ni d’Ève ni d’Adam, ce n’est pas mon activité préférée, ce ne l’a jamais été. J’étais donc un peu nerveuse.

Dès mon arrivée, Chloé connaissait déjà mon nom et savait que c’était mon premier cours HappyFitness. Elle m’a pris à part, avec deux autres filles qui en étaient aussi à leur premier cours, pour nous expliquer comment les entraînements fonctionnent. Je me souviens très bien qu’elle nous a dit que le but de HappyFitness était de faire des entraînements qui rendent contentes. Faire du sport en jouant dehors. Ça m’a parlé.

En gros, le parcours d’entraînement suggéré par la coach te permet de t’écouter. Si la coach indique de faire 20 répétitions, elle t’indique aussi que tu peux choisir d’en faire 2 et de faire des tresses au gazon si c’est ce qui te rend contente cette journée-là, ou tu peux essayer de te dépasser cette fois-ci et en faire 100, si c’est ce qui te rend heureuse. Dans tous les cas, le but c’est d’être contente et de bouger en jouant dehors.

Le pouvoir du jeu et de l’auto-compassion

Finalement, l’entraînement s’est super bien passé et à ma grande surprise, je n’étais même pas si mauvaise que ça, j’ai même été capable de me dépasser ! L’entraînement a passé super vite, notamment parce que Chloé nous raconte ses aventures rocambolesques de la journée, anime des discussions, donne des trucs pour les exercices, rit aux éclats, fait des acrobaties. Bref, je n’ai pas vu le temps passer et à la fin de l’entraînement, j’étais raquée des joues pour avoir trop souri. Ne vous inquiétez pas, j’ai aussi été raquée du reste du corps.

Je me rappelle encore que dans mon retour à la maison, j’étais galvanisée par mon expérience : j’étais fière de moi. Non seulement j’ai eu le courage de sortir de chez moi, mais j’ai fait l’entraînement au complet sans me juger. J’ai donc renouvelé l’expérience deux fois par semaine.

Happy m’a fait redécouvrir le plaisir qu’on pouvait avoir à faire du sport. Ça m’a fait reconnecter avec le côté joueur qui est souvent mis de côté lorsqu’on devient adulte. Happy m’a redonné un morceau d’énergie que j’avais perdu avec mon arrêt de travail. Le fait de jouer dehors, d’être raquée et de rencontrer de nouvelles personnes m’a permis de regagner de la confiance en moi, de l’optimisme et de l’énergie.

Au fil de la session HappyFitness, mon rétablissement a franchi plusieurs étapes, j’allais de mieux en mieux chaque semaine. Évidemment, le sport avec Happy m’a beaucoup aidé, mais mon rétablissement a aussi été possible grâce à la psychothérapie, le repos, les ami-e-s et moi-même. Il m’a fallu être indulgente envers moi-même et me rappeler souvent qu’un arrêt de travail n’est pas permanent.


Éventuellement, je suis retournée au travail progressivement puis à temps plein, mais il est demeuré primordial pour moi de conserver une place dans mon horaire pour les entraînements HF. À vrai dire, le simple fait de bloquer deux plages horaires par semaine dans mon horaire m’a aidé à mieux gérer mon temps et mes priorités au travail et dans ma vie personnelle.  

J’ai continué les entraînements Happy Fitness toute l’année (oui oui, même l’hiver). Et je me suis même inscrite à la retraite au Costa Rica. La retraite tropicale, c’est le summum du bonheur que peut procurer Happy Fitness, mais je partagerai cette expérience une autre fois !


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